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Donjons et Dragons : un peu des deux, et beaucoup de brouet aux navets

  • aronaar
  • 21 avr. 2016
  • 15 min de lecture

Je ne suis pas rôliste moi-même, mais j’imagine que pour obtenir un tel résultat que ce film (faisant penser à une campagne JDR ayant sérieusement dérapé), il faudrait toute une conspiration contre le MJ (ou bien un MJ lui-même dans la quatrième dimension), avec l’aide d’expédients alcoolisés ou non.

C’est un nanar, bien entendu, de ceux qu’on apprécie mieux en compagnie d’autrui, les fonctions cérébrales supérieures sagement déconnectées, des amuse-gueule à portée de main. Mais c’est un nanar tellement complet, avec une si admirable persistance pour être mauvais dans tous les domaines, qui arrive à défier l’entendement par certaine de ses répliques, qu’il en devient facilement une référence.

Et personnellement, c’est un film très cher à mon cœur, qui devrait être remboursé par la sécurité sociale. Si vous vous sentez légèrement déprimé, ne touchez pas au tranxène, regardez ce film (et les deux autres si vous avez besoin de beaucoup rire). Je ne vous cacherai pas que le seul fait d’écrire au sujet de Donjons et Dragons provoque chez moi un sourire façon XXL, chose étonnante s’il en est pour une Liche.

Assez atermoyé, commençons donc !

Cette aventure palpitante se passe dans l’Empire d’Ismer, où les mages règnent. Notez, précision importante, que les mages sont des « adeptes de la magie » car le nom laissait planer quelques doutes à ce sujet. Des fois que vous auriez encore un morceau de doute coincé entre deux neurones, on apprend que les roturiers, soumis au pouvoir des mages, ne maîtrisent pas la magie.

Ah, la machine Obvious automatique, elle me manquait tellement !

L’histoire s’annonce haletante lorsqu’on apprend que l’impératrice veut plus d’égalité (comment ça, la domination d’une classe sur une autre, c’est moche ?), tandis que Profion (sûrement pas le Big Bad) a... D’autres intentions. Le suspens est insoutenable dès la première minute.

Enfin pas trop car on passe juste après avec ledit Profion, incarné par Jeremy Irons, qui s’efforcera d’exhiber le moins possible de jeu d’acteur. Chose commune à tous les autres personnages, mais, bon, dans ce tas-là, Irons a quand même une réputation. Las, il a dû se dire que tout était foutu pour un tel film et nous sort le numéro du Méchant dont chaque tirade va dans l’excessivité.

Le « ENFIN !!! » lorsqu’il s’empare d’un bâton à cristal vert donne la note pour le reste de sa performance, on dirait qu’il a un démon sexuellement réprimé cherchant à extérioriser sa souffrance en faisant monter décibels et intonations criardes. Et notre cher Profion a un plan des plus ingénieux : vouloir contrôler les dragons pour s’emparer du pouvoir. Bon, au moins on n’est pas volé, il y a bien des dragons dans le titre.

OUI ! DONNE-MOI CHAQUE FRAGMENT DE TA RAGE !

Hélas, son bâton ne marche pas aux Duracell et s’éteint lamentablement. Exécutant le dragon tel Luke Skywalker le rancor, Profion informe son lieutenant, Damodar (incarné par Bruce Payne, un habitué des rôles de méchant de seconde zone, et qui n’est réellement pas aidé par le fait que ses lèvres laissent supposer qu’on y a appliqué un produit à base de peau de schtroumpf), qu’il est temps de passer au plan B : convoquer le grand conseil des mages ! Yahou !

Avec tout le talent oratoire d’une loutre asthmatique essayant de convaincre un requin de devenir végétarien, Profion persuade quand même le conseil que l’impératrice est une newbie trop jeune qui se laisse aller à des rêves naïfs d’égalité, et que ce serait drôlement plus rassurant d’avoir son sceptre, capable de commander aux centaines de dragons d’or se cachant dans l’empire. Dans le cas contraire, hey, il faudra la destituer, la larronne.

On sent déjà le type de gouvernement bien stable avec des magiciens dévorés d’ambition d’un côté, et de l’autre une jeunette équipée d’un artéfact pouvant faire pleuvoir mort et destruction sur le royaume entier. Personnellement j’aurai candidaté à l’immigration dans n’importe quel pays limitrophe.

Nous retrouvons ensuite les deux zéros du film, Ridley et Snails, introduits précédemment dans une scène dont je vous épargne la description. Ce qu’il faut savoir à leur sujet, c’est qu’ils sont des voleurs de niveau 1, que Ridley voudrait rendre aux mages la monnaie de leur pièce et que Snails est le faire-valoir Noir (dans un tel film, c’est une invitation à ce qu’il meurt) totalement crétin. Sa façon de parler fait un peu penser, question pénibilité, à celle de l’animateur people dans Le Cinquième Elément. D’aucun le comparent à une version humaine de Jar Jar Binks, ce qui résume assez bien la qualité du personnage.

Enfin, nos deux idiots du village décident comme ça d’aller cambrioler l’école de magie impériale, qui est juste un peu plus grande que le Mont Saint-Michel (l’opération ne leur posant cependant aucun problème). Personne ne les voit, et évidemment, comme nous sommes dans un lieu de haute sorcellerie, il n’y a pas la moindre protection magique ou créature-sentinelle pour empêcher deux pauvres clampins d’y pénétrer. Pas d’alarme, pas de piège, ils rentrent par la première fenêtre venue, obligeamment ouverte.

Les choses se corsent lorsqu’ils sont arraisonnés par une magicienne s’étonnant quand même du boucan qu’ils font, juste avant que n’arrive mon personnage favori du film, Damodar en personne.

Le vilain a été envoyé par son maître Profion pour chaparder un parchemin susceptible de conduire au bâton de Savrille ou un truc comme ça (il est en rouge, en tout cas), capable de commander aux dragons rouges. Lesquels, comme chacun sait, sont supérieurs aux dragons dorés. Heureusement que le film ne reflète que très pauvrement le jeu de rôle, si j’étais un dragondans cet univers, je l’aurai très mauvaise de pouvoir être contrôlé mentalement par le premier neuneu trouvant un bâton magique.

" Je me demande si j'ai mis assez de gloss sur mes lèvres..."

Comme on rentre dans cette école de magie aussi facilement que dans le groupe d’amis de Carole Quintaine sur Facebook, Damodar saisit le pauvre vieux magicien barbu du coin et exige qu’on lui remette le parchemin, tout vil qu’il est. Ledit parchemin glisse dans les mains de Marina, la magicienne, qui prend de la poudre à téléporter commodément placée là. Moins commodément, le portail mène dans une allée sans issue et elle oublie de le refermer, permettant à Damodar et ses sbires de les poursuivre sans peine. Compétence !

Tout comme il y a finalement peu d’action dans le film, ne vous attendez pas à une poursuite effrénée, car Damodar est affligé d’un handicap assez singulier : il ne sait pas courir. Jamais. Avec un flegmatisme qui aurait pu paraître tout britannique s’il n’avait pas la tête de Mr Propre ayant passé la nuit les lèvres dans du cirage bleu.

Notre bande de nullards embarque le plus grand nain du monde avec une fausse barbe orange au passage, et déjoue les minions avec une stratégie infaillible : s’enfuir par les égouts. Ceci plonge Damodar dans un abîme de perplexité, jusqu’à ce qu’il leur ordonne en toute logique d’aller à leur suite, ordre qui reste absolument sans suite. Bon j’avoue que moi aussi j’aurai du mal à recevoir des instructions d’un tel quidam, mais tout de même.

Je vous épargne la scène du lendemain où la bande de clichés ambulants tente de se faire discrète en s’habillant de façon absolument pas homogène avec le reste de la foule, et sans souci de cacher la barbe rutilante du faux nain. On sent que le niveau est là.

Ne vous inquiétez pas, il remettra son casque pour bien compléter le cliché.

Profion n’est pas content de Damodar (à juste titre, il est quand même censé diriger une milice, mister Lèvres Bleues) et décide donc de lui ficher une abomination lovecraftienne dans le cerveau pour l’aider à obéir. S’il avait eu d’autres minions sous la main, nul doute que Damodar aurait eu droit au siège inversé projetant dans un incinérateur.

Lorsque le film n’est pas occupé uniquement à être d’une mauvaise qualité hilarante, il aime à

ajouter du bon gros déjà-vu dans la soupe. Nos héros se trouvent donc ensuite dans une taverne avec tous les éléments faits et refaits, occupés à prévoir leur prochaine action et s’échanger des remarques stupides, tel Snails disant à une elfe lui demandant s’il cherchait quelqu’un en particulier, qu’il cherchait quelqu’un comme elle. Et de demander au barman, en douce, de lui servir le vin le moins cher possible. Amore, amore !

Bien évidemment, Damodar arrive sur les lieux peu après, examinant la salle avec le visage d’une personne constipée cherchant les toilettes de façon urgente, c’est à dire avec une expression fort vilaine. Et quand il repère les héros, patatras ! Ils sont obligés de recourir à une méthode des plus ingénieuses pour s’en sortir, ou des plus improbables, c’est selon.

Le nain bouscule deux clients, appelle au combat, et le combat vient, la taverne devenant le théâtre d’une baston généralisée pendant que nos zéros prennent joyeusement la poudre d’escampette.

Alors je ne suis pratiquement jamais allé dans un bar, mais je doute quelque peu qu’une rixe se déclenche aussi facilement. Enfin, dans une telle production, on sent partout la main invisible du Script qui rend les évènements bien commodes pour ce qu’il veut accomplir.

Puisqu’on parle de commodité, on sent que le film s’essouffle encore plus (sauf Damodar qui ne court pas) quand Ridley et Marina sortent du parchemin (ne posez pas de question) où ils y ont rencontré l’esprit qui y habitait. Hm. Bien sûr, bien sûr, pourquoi pas ? En plus c’est un esprit GPS modulable puisqu’il leur raconte que pour faucher le bâton rouge, il faudra récupérer un joyau détenu par un certain voleur nommé Xilus.

Snails commence à trouver que toute cette histoire sent le camembert trop fait, et Ridley, si la scène n’avait pas été coupée, aurait pu lui dire qu’en entrant dans le parchemin, une malédiction l’oblige à récupérer le bâton.

Oh, et de toute façon, si vous ne le sentiez pas venir, Ridley est un Elu ! Les personnes en convalescence doivent parfois prendre du glucose en perfusion, Donjons et Dragons, lui, est sur perf’ de clichés.

Mais comme Snails est le bon acolyte sans volonté propre, il suit le groupe avec ses couinements habituels.

" Est-ce que j'ai l'air assez stupide comme ça ? "

Heureusement, comme tout le monde n’est pas très vif en Ismer, le groupe se rend là où il faut sans attirer l’attention, en dépit des avis de recherches déposés partout (on leur a fait porter le chapeau pour le meurtre du magicien) et arrive à la guilde des voleurs, dont on se demande comment elle arrive à rester secrète, vu que sa discrétion ne pourrait être déparée que par une

pancarte au néon magique annonçant leur présence.

Le joyau à récupérer se trouve à la fin du dédale le plus court et fabuleusement mal réalisé qui soit. Si ce n’était pas complètement illégal, on entendrait pour un peu le thème d’Indiana Jones rouler en bruit de fond. Quand au labyrinthe (que personne n’a réussi à battre apparemment en vingt ou trente ans, sûrement parce que le truc était complètement oublié dans la remise et que tout le monde s’en fichait quelque peu), il comporte sublimement trois parties : une avec des lames tournoyantes demandant au moins trois esquives pour être complétée, une avec des marches piégées avec les poncifs de lance-dards et autre trucs classiques, une avec le plafond avec piques qui descend... L’esprit légitimement atterré par un tel cocktail 0% originalité pourra toujours se demander qui vient entretenir tout ce bazar ridicule, et ne s’étonnera pas que Xilus veuille le joyau pour lui-même.

Sauf, patatras ! Damodar et compagnie, toujours bien informés car ils ont lu le Script, déboulent pile à ce moment, et paf bataille mollassonne avec les voleurs ici présents. Le groupe s’enfuit, sauf, damnation, Marina qui est capturée avec le parchemin !

Heureusement comme ça n’en finit pas de toujours tomber juste, les trois restants tombent sur une elfe avec une armure moulant bien les seins (la même que dans la taverne), qui, avec accord de l’impératrice, s’aidera de ces noobs pour retrouver le parchemin. Parce que bon, si Profion obtient le bâton rouge, tout est fini, et on ne va quand même pas essayer de l’assassiner discretos

alors qu’on sait lui où il se planque.

Donjons et dragons : comment passer de 100 à 0 de crédibilité en moins d'une seconde.

Damodar n’est pas difficile à retrouver car il se trouve dans le seul château en CGI du coin, et très moche qui plus est. Ceci après une scène presque flippante où Damodar utilise la bête cérébrale implantée par Profion pour soutirer les informations qu’il désire de Marina. Yum-yum tentacules auriculaires.

Et là nous atteignons un moment magique du film. Encore plus que le reste, je veux dire. Nous tenons une bande d’elfes commandée par une elfette, un nain fier guerrier, et nos deux autres nullards. Vont-ils y aller tous ensemble, vu que ça semble vachement bien protégé ? Bien sûr que non ! Alors même que l’animosité stéréotypée entre elfes et nains a lieu, barbe-délirante va acquiescer quand Norda, l’elfe, lui dit que Snails et Ridley doivent accomplir cette tâche seuls.

Une tâche dont dépend l’avenir de tout Ismer.

Pendant qu’ils vont se tourner les pouces dans la luzerne à deux pas.

Laissée aux deux plus grands incapables notoires de l’empire.

Qu’est-ce que vous voulez dire quand un film ne s’ingénie pas à inventer la moindre petite excuse pour éviter une situation aussi artificielle que débile ? Je pourrais bien dire xylophone, mais cela ne fera pas avancer le schmilblick. Mettons qu’ils jouent au poker aux dés.

Les deux zéros avancent, eux, comme s’ils avaient un charme d’invisibilité- les gardes et le beholder ne bronchent pas d’un pouce. Comme le film était en manque de clichés, Snails dit à son comparse d’être prudent. Ouh ! Ridley a un passe-droit car il est l’élu, Snails est Noir dans un

film de série Z, qui des deux va mourir ? Le doute me taraude.

Ridley, hors-caméra, arrive pour sauver Marina, qui, tout d’un coup, semble avoir perdu sa personnalité de magicienne arrogante pour devenir la parfaite demoiselle en détresse. Du diable si Ridley passe pour un prince charmant.

Le directeur s’est assuré que dans un film Donjons et Dragons, aucun monstre ne soit blessé. Grandiose.

Du côté de snails, c’est plus compliqué : il tombe dans un tapis enchanté se transformant en sables mouvants. Insérer l’entrée de Damodar, toujours là quand il faut, qui se fend d’une des réparties que j’adore le plus au monde.

« Ah, les voleurs... Toujours à prendre ce qui ne vous appartient pas ! »

Ce pour quoi je décerne à Damodar le Sceau Captain Obvious Platine avec toute mon admiration. Je commence à me demander s’il n’avait pas postulé pour un emploi de comique-troupier et s’était retrouvé un peu par hasard au service de Profion, jugeant que vu la crédibilité du type et l’accoutrement de sa milice personnelle, ça correspondait au profil.

Comme il est civil, il enlève Snails du piège pour l’étrangler avant de le projeter. Le voleur jette l’éponge et s’enfuit, Damodar à ses trousses (toujours sans courir : il est très fair-play).

Après une démonstration de force par les gardes (Marine arrive à en assommer un en le frappant vaguement avec une torche), Snails et sa dulcinée rejoignent Snails dans une cour désaffectée, de laquelle il aurait pu facilement s’échapper mais hey, il fallait une mort « héroïque » pour activer la cosmo-énergie de Ridley.

Damodar, commençant à être énervé, a sévèrement battu Snails et lorsqu’il voit surgir les deux autres énergumènes, il exige le joyau contre la vie du voleur. Ridley tente de gagner du temps, Marina finit par ligoter Damodar avec une corde magique, hélas, nos trois protagonistes semblent incapable d’échapper à un méchant ne sachant pas courir, dénué d’attaque à distance et pas toujours plus intelligent qu’un sac de cailloux.

Après un dernier effort pour rendre le parchemin à Ridley, Snails est donc tué par Damodar, qui le finit en le projetant dans le vide, histoire qu’il soit bien mort-mort. N’oubliez pas le « noooooon » retentissant de Ridley, plus épique encore que celui de Dark Vador.

Pendant ce temps, le reste de la garnison du château s’est associée avec les elfes et le nain pour joueur au poker aux dés. Le nain a perdu.

Heureusement (en plus de sa mort, le personnage étant réellement imbuvable) Snails a laissé choir la bourse remplie de la fabuleuse poudre à téléporter. Et comme le Script a besoin de commodité, Marina s’en sert (il serait temps) pour s’enfuir avec Ridley pile-poil là où il faut. Notez qu’elle le referme cette fois, au grand déplaisir de Damodar, qui se demande si son maître ne va pas être quelque peu mécontent de ses fails en série.

" J’ai raté le jour du carnaval, Impératrice ? "

Je vous fais la grâce de la bataille verbale qui a lieu entre Profion et l’Impétrice à la salle du conseil, ce dernier ayant voté qu’elle rende le bâton, et elle ne voulant pas. A part se pâmer dans la sous-performance de la donzelle, on a le droit aux gros poncifs barbants, tel que « Si c’est une guerre pour le bien de la liberté, alors aucun sacrifice ne saurait être trop grand pour atteindre ce but ».

J’aurai été Profion, je l’aurai assassinée sur le champ pour avoir dit une telle platitude, ç’aurait été plus rapide.

Du côté des deux incompétents, ils sont en territoire elfe. Nouvelle séquence ennui. Vous savez, ces moments où le vieux mentor raconte à son disciple les choses de la vie ? Hé bien c’est ça, du grand bla bla sur le fait que Ridley soit l’Elu, les dragons, la nature de la magie, tout un tas de choses, dont, à ce stade, on se moque assez puissamment.

Comme de la scène mièvre où Marina s’excuse pour la mort de Snails (quelle idée !), Ridley lui dit qu’elle est un mage et ne peut pas comprendre, gna gna gna, bisou de réconciliation à la fin.

Plus tard on donne une épée magique à Ridley (clichés sur demande !) avant que de partir récupérer la Pierre, je veux dire, le Bâton.

C’est un sacré voyage : on les voit partir, on les voit arriver au donjon. J’aimerai avoir le même mode de transport instantané. Mais, diable ! Un donjon dans l’affaire ! Ne soyez pas trop excité cependant ami Lecteur, seul l’Elu peut passer, donc Ridley, et rien de palpitant se passe à l’intérieur. Le voleur finit par arracher le bâton au squelette de Savrille (qui se réanime un moment pour le bla bla concernant les dangers de son pouvoir), et pof, on a ensuite droit à une scène où les dragons attaquent mollement les mages (ils pourraient détruire leur tour pour les éliminer d’un seul coup, mais ce serait trop facile) qui, eux, n’en touchent pas une contre les lézards. En même temps, c’est Profion qui dirige les défenses, donc il ne faut pas s’attendre à des miracles.

Retournons du côté de nos vaillants héros. Si vous avez deviné que Damodar et sa clique sont de nouveaux sur les lieux juste au moment critique, vous avez saisi à quel point ce film n’était absolument pas répétitif dans sa mise en scène. Marina se fait capturer, et Damodar, fin diplomate, exige cette fois-ci le bâton contre la liberté de la magicienne.

Ridley, illuminé crétin s’il en est, fait absolument confiance à l’homme ayant assassiné son ami et tenté plusieurs fois de le capturer sans ménagement. Le « J’ai menti » de Damodar sonne alors très juste, avec son ton d’enfant de huit ans ayant pris le jouet préféré de son frère sans vouloir le rendre.

Et de laisser ses séides tuer les captifs, qui finissent par se réveiller et défaire les soldats incompétents. Damodar ayant été béni par le Script, il ouvre un portail magique, sans prendre évidemment la précaution de le fermer. Ridley le suit pour le grand final !

Quoi, vous trouvez que j’ai quelque chose sur le visage ?

Tandis que la bataille entre les dragons de différentes couleurs fait rage de façon assez confuse (les effets CGI assez moches n’aident pas), Ridley, en toute logique, défie Damodar en duel. L’une a une épée rouge, l’autre bleue, je vous laisse deviner qui, quel symbolisme exaltant !

Ridley finit par être désarmé, mais, idée de génie, c’est un voleur ! Vous savez, la classe qui a des bonus si elle fait du backstab et des attaques furtives ?

C’est à ce moment-là, alors que Ridley s’est plutôt comporté comme un voleur multiclassé moine trappiste, que le directeur du film s’est dit qu’il serait temps de connecter un peu tout le bazar à Donjons et Dragons le jeu de rôle. La foule est en délire.

Tel un certain Vador, malgré son armure qui le protégeait bien contre l’épée, Damodar meurt donc à cause d’un poignard et est projeté dans le vide. Le reste de la compagnie des clowns arrive (ne vous posez pas de question, même si le portail magique de Damodar a été refermé) et se lancent contre Profion un par un car c’est plus fun ainsi. Marina, n’utilisant toujours pas de magie, parvient quand même à lui faire lâcher le bâton rouge, que Ridley récupère.

Celui-ci ne veut pas devenir un Sith, et après une autre réplique mémorable qui fait beaucoup rire Profion (« Je ne deviendrai pas vous ! ») il utilise l’épée pour détruire l’artéfact, ce qui fait crever le plafond au facteur excessivité de Profion.

« VOTRE MA-JESTE ! » fait-il quand l’Impératrice arrive de nulle part. Ah, quel panache jusqu’au bout !

Le budget explose sur la fin !

Et, pour ajouter une cerise qui fait tomber le gâteau à plat, Profion se fait dévorer. Voilà voilà.

Non, en fait le film s’achève dans un cimetière, avec la tombe de Snails, que Ridley honore en lui laissant le joyau qui faisait marcher le bâton. Quand, soudain ! Le nom de Snails s’efface et le joyau s’illumine ! « Ne met pas en question ton don. Ton ami attend. » déclare l’elfe, ajoutant une dernière goutte au tissu de confusion parsemant cette production.

Puis ils mettent tous les mains sur le joyau, et disparaissent avec des effets spéciaux premier prix.

The end.

Et non, ce n’est pas une plaisanterie ! On pourrait penser que ceci et les autres trous dans le scénario pourraient présager d’une suite, mais si suite il y a eu, son seul lien avec ce film est assez inattendu : Damodar himself ! Je vous en causerai peut-être une autre fois.

Pour cette première mouture, c’est l’un des rares films à fédérer autant autour de sa nullité. Tout est raté : le scénario, les effets spéciaux, les costumes, la mise en scène, le background, les personnages, les dialogues, les décors, et bien sûr, vouloir raccrocher ça à l’univers du jeu de rôle éponyme. Remarquez, c’est un formidable cas d’école pour réviser les grands clichés du genre.

Il paraît que Salomon, triste sire directeur du film, aurait voulu adapter au grand écran l’ambiance de ses parties de JDR sur table.

Pour quelqu’un se prétendant un hardcore de Donjons et Dragons, le résultat est minable, le qualifier d’insulte ne serait peut-être pas exagéré.

Il suffit de voir le jeu d’acteur moisi de Irons pour deviner que personne n’y croit et n’attend que le chèque à la fin du tournage. Et c’est ce qui sauve en quelque sorte le film, là où moult nanar se sont fait oublier : il frappe si fort dans la case nullité qu’il en est proprement hilarant, et pratiquement non-stop.

Un mystère demeure : comment, avec un échec aussi retentissant, quelqu’un a pu penser que ce serait une bonne idée de continuer sur la lancée, convaincre des gens pour ce projet ET avoir les moyens nécessaires pour le réaliser...


 
 
 

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