Dawn of the Seeker : le film que personne n'attendait
- aronaar
- 5 mars 2016
- 5 min de lecture

Ah. Merci de préciser que c’est LE film, je ne sais pas si j’en aurai supporté d’autres.
La simple vue de l’affiche suffit à annoncer les noirs nuages de soucis à l’horizon, le niveau d’alerte est placé au maximal : les adaptations sont un territoire très périlleux. Pour qui connaît la série Dragon Age, le background, quitte à être transposé en film, invitait plus à une adaptation du style Seigneur des Anneaux. Mais posons les bases avant que de médire.
Un ordre ancien chargé de combattre un Mal tout aussi ancien venant ravager la surface tous les quelques siècles, la nécessité d’unir les différentes races - humains, nains, elfes - afin de repousser l’Archidémon et ses sbires, une ode à l’épique classique, vous voyez le tableau, le tout dans du médiéval-fantasy de bon ton.
Mais foin de tout cela, Dawn of the seeker est un film d’animation rattaché à la série surtout par son personnage principal, Cassandra, ayant fait une apparition dans Dragon Age II et personnage jouable dans Dragon Age : Inquisition. Si on ne devait se fier qu’à cette production, on pourrait dire que ce n’est vraiment pas un cadeau.
Le Fléau, les Gardiens Gris, Ferelden et tout le bazar, vous pouvez envoyer ça aux oubliettes. L’action se passe en Orlais, le pays voisin inspiré de notre bon vieil hexagone, au moins au niveau de l’accent et des chevaliers, nom reprit tel quel en version originale (mais pas ici, tiens donc).
Bref, je sens que vous frétillez d’impatience de savoir ce qui se trame dans cette production, quel est donc le pitch ? Quelque chose d’aussi convenu que possible. Une bande de mages de sang a kidnappé une jeune fille capable de contrôler les bêtes - y compris les dragons - et veut s’en servir pour c*******r ** m***e.

" Reste derrière, je suis la star du film. "
Si vous avez remplacé les astérisques par « conquérir le monde », bravo, vous avez gagné le droit de rejouer. Ajoutez à cela qu’au sein de la Chanterie (la religion organisée d’Orlais) et de son bras armée, les Templiers (censés surveiller le Cercle des Mages, car au moins ils savent que la sorcellerie, ça peut partir dans tous les sens) il y aurait de la corruption, et paf, la trame est posée.
Enfin, presque, il faut quand même narrer le début qui vous fera déjà regretter le choix d’avoir fait un film d’animation à la japonaise, sauf si vous aimez voir une templière, Cassandra, courir à tout berzingue comme si son armure ne pesait rien et réaliser des figures acrobatiques improbables.
Après l’exposition du narrateur faisant du surjeu, cette première grande scène a d’ailleurs de quoi décourager, vu que les effroyables mages de sang sont tous niveau 0 apparemment, vu qu’ils utilisent juste la foudre arcanique, sort de base dans le jeu, rebondissant sans dommages sur les armures des templiers.
Ils sont tellement minables, ces dangereux apostats, qu’ils y passent tous, sauf le big boss qui s’est
multiclassé changeforme et se barre en tant que corbeau. La fille est récupérée, tout va bien !
Evidemment non puisqu’elle se fait capturer à nouveau alors que le mentor de Cassandra veut placer la fille ailleurs, craignant la corruption parmi les templiers.
La jeune Chercheuse (sous-ordre des templiers chargés de traquer la corruption) s’allie donc à Galyan, le contact du mentor de la jeune femme, car ils se font surprendre par les autres chercheurs juste quand la fille est enlevée et l’autre templier, mort à leur pied. Oh, ironique quiproquo !
Ils doivent donc découvrir la vérité et empêcher un sinistre complot, au cours d’une aventure périlleuse pleine de...
Bah, rien du tout. Dawn of the seeker est poussif, sans surprises, dénué de personnages réellement attachants, affligé d’une histoire bateau menée sans originalité, et sans scènes d’action qui vous feront vibrer.
En plus d’avoir quelques incohérences. Sauf leur big boss, vous ne verrez jamais les mages de sang utiliser de la magie ! Quand ils reviennent l’enlever, ils sont sous forme de corbeau, mais attaquent avec des bâtons à double lame incurvée, sans avoir recours à un gramme de magie.
S’ils ne mourraient pas toujours atrocement pour leur idiotie, je pense qu’ils aimeraient être remboursés sur leur titre de « mage ».
L’intrigue tombe à plat car, vu le peu de personnages présents, l’identité des traîtres ne produit guère de suspens. Mention spéciale « manque de subtilité baveux » quand la Divine, cheffe spirituelle de la Chanterie, déclare à son bras droit qu’elle a toujours pu compter sur sa « profonde loyauté ! »
Autant lui mettre « traître » au fer rouge sur le front avec un piercing orné d’un grelot.

" Vous ai-je déjà dit que j'étais evil ? Evil ! "
Le personnage de Cassandra est difficilement charismatique. C’est le modèle de l’acharnée sans humour qui fait tout pour accomplir son boulot, colérique à souhait. Pendant la moitié du film elle ne supporte pas Galyan car il est un mage, et des mages ont tué la famille de Cassandra quand elle était enfant, bouhou.
Non, honnêtement, cela ruine juste sa personnalité pour la majorité du contenu proposé à vos yeux qui ne devraient être guère impressionnés. Dédicace au moment où elle beugle « JE DOIS VENGER BYRON ! ».
Pas pire que la horde d’ogres et de golems qui apparaissent de nulle part, permettant à Cassandra de montrer qu’elle est aussi agile qu’un ninja de Naruto. Ou est-ce pire que le moment odieusement cliché où ils sont acculés par les templiers et choisissent de sauter d’une falaise bien trop haute pour s’en sortir ?
Non, non, pas mieux que le passage où le chef des templiers les retrouve dans une grotte, se retrouve enseveli sous les roches car Galyan, lui, sait utiliser intelligemment la magie...
Avant que de revenir vers la fin du film pile poil pour tuer un personnage important !
Magnifique.
Bien sûr les dragons attaquent dans la dernière partie, histoire de rendre Cassandra encore plus badass : elle tue un dragon en montant dessus et en le poignardant aux endroits vitaux, avant d’atterrir en sécurité pendant qu’il tombe, et lorsque le plus gros des dragons arrive, elle monte sur un autre dragon pour les faire entrer en collision et sauver la Divine !
Moins épique, mais aussi moins drôle que le moment où les mages crient « pleine puissance ! » pour essayer de tuer le big boss des mages de sang (se transformant en gros démon), avec des flux de magie tellement flashy qu’on se croirait dans Ghostbusters.
Il faut avouer que vers la fin, la qualité des animations et des effets surpasse le reste du film, comme s’ils avaient manqué de fonds et que le reste n’était qu’un long marchepied pour cette séquence visuellement riche et surdosée en action.
Ensuite, fin classique, baiser chaste de Cassandra sur la joue de Galyan, qui lui dit « Je vois le monde d’une manière toute différente à présent » ce qui est tout à la fois mignon et ridicule.
Ensuite, elle devient le nouveau bras droit de la Divine, et le film se conclut sur « que puis-je faire pour vous servir », gros appel du pied pour une suite...
Espérons du moins que le « à suivre » concerne Inquisition car une autre production de cet
acabit n’apporterait probablement pas grand-chose.
Techniquement peu impressionnant, avec des doublages inégaux (le big bad des mages de sang est caricatural au possible), sans rythme et sans rendre une grande justice à l’univers de Dragon Age, Dawn of the Seeker peinera à satisfaire les fans de la série et pour les autres, il n’aura vraisemblablement pas plus d’intérêt.
Je ne suis pas allé plus loin que Dragon Age II, enfin, ça m’allait très bien quand il n’y avait pas de templières faisant un double saut pour trancher d’un coup la tête d’un ogre en utilisant deux épées à la fois...

Leeeroy Jeeenkins !
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