Loren, princesse Fan-Service
- aronaar
- 5 mars 2016
- 4 min de lecture

Image de la version originale. Même Steam a exigé qu’il y ait moins de fanservice !
Les visual novel ne forment pas exactement un genre des plus connus ou des plus populaires, notamment car la balance penche plus vers la narration et des tonnes de texte que vers le gameplay.
Cela n’empêche pas des séries comme Ace Attorney de faire des percées notables, mais qu’advient-il lorsqu’un de ces romans interactifs veut rajouter du gameplay de RPG et faire croire que le tout plaira aux joueurs hardcore- l’ensemble évidemment enveloppé dans une histoire de fantasy « épique » ?
Un jeu fort médiocre comme celui-là ! Rien que le titre laisse présager de quelque chose d’assez anachronique, et c’est en partie vraie : l’histoire est tellement pleine de clichés, tellement classique dans un genre où elle devrait briller, qu’on se croirait revenu dans les années 60 où Tolkien institutionnalisait la fantasy.
Pourtant, il y a une petite subtilité : vous n’incarnez pas le personnage principal, mais son esclave, un humain ou une elfe, au choix. Attendez-vous à une approche très caricaturale d’une culture amazone, appliquant sans finesse le thème de la gynarchie, ce qui rendra pendant longtemps le personnage de Loren pénible- pas d’humour, sensibilité exagérée, croyance que tout lui est due car elle est une princesse d’une culture aimant vivre en autarcie (tout en faisant des raids pour capturer des esclaves !).
Vous devez l’accompagner car, malheur, la reine sa mère n’est pas de retour depuis un moment. L’excuse pour ne pas envoyer une véritable force la chercher, ou bénéficier d’avantages comme les griffons pour se déplacer ? Lorsqu’un membre de la famille royale quitte la ville des amazones, elle perd tous ses privilèges et son autorité !
Quand ça commence avec un système aussi débile, vous savez que le reste de l’aventure va pencher du côté du plaisir coupable.
De fait, l’histoire révèle rapidement ses vraies couleurs : vous savez que toute originalité est jetée par la fenêtre lorsque vous voyez l’environnement sans vie et volcanique, abritant le Big Bad, Fost, une armure démoniaque (si si) menaçant de tuer ses sous-fifres, une succube et un shaman gobelin car leur action pour mener les elfes et humains à s’affronter n’a pas aussi bien réussi qu’il
l’espérait. Quelques réflexions pseudo-profondes sur la tolérance entre les races, rassembler tout
le monde pour vaincre le véritable ennemi, poutrer Fost et voilà, vous avez le noeud de l’histoire.
Ai-je besoin de rajouter que vous avez un personnage ressemblant à Gandalf, tenant le même rôle, qu’il y a une opposition stéréotypée entre elfes de la nuit et elfes normaux, que les moments d’humour se noient dans une histoire finalement trop verbeuse pour ce qu’elle a à raconter ?

Les combats sont faciles et répétitifs à souhait.
Le gameplay ne brille pas non plus. Comme dans n’importe quel RPG basique, vos personnages montent en niveau (ici juste trois stats), acquièrent des skills et obtiendront un équipement progressivement plus puissant. Rien d’enthousiasmant, surtout avec plusieurs couacs, comme les compétences vous rendant temporairement un tout petit peu plus puissant mais aussi moins rapide, ou certains sorts de zones dont l’upgrade les affaiblit uniquement pour augmenter les chances d’un effet additionnel, comme brûler.
Généralement, on aurait droit aux deux...
Bref, 90¨% du temps, c’est du presse-touche à la folie. Le fait qu’il y ait deux rangées et qu’on ne puisse pas attaquer en mêlée les ennemis quand ils sont dans la deuxième rangée, ou les différents types d’attaque possible, ou même le jeu des faiblesses élémentaires, tout ça est bien insuffisant pour instiller un besoin de réflexion tactique.
Le jeu se targue aussi de proposer des tas de romance, et effectivement votre personnage, mâle ou femelle, peut avoir une liaison avec pratiquement n’importe quel autre. Cela rend-il le jeu plus profond ? Non, tout comme avoir trois choix de réponse de façon régulière ne semble pas avoir un impact si profond sur la réputation de votre personnage.
Très honnêtement, je trouve ça minable de capitaliser sur les romances, j’ai peur qu’après Mass Effect cela devienne un truc trop à la mode et devienne gadget.
Quoi qu’il en soit, ce titre n’offre qu’un contenu bien fade en dépit de tout ce qui est peut être écrit sur la page magasin de Steam.
Ni pour les fans de RPG hardcore, ni pour les amateurs d’histoires originales, se payant même la luxe d’un DLC à 8€ (le jeu de base est à 20€, amenant le tout à environ 13h de durée de vie...) pour deux personnages et quêtes, Loren, The Amazon Princess n’ajoute rien à la formule, alors même qu’il entendait apporter un vent frais dans un ère de simplification pour les masses. Quant à une quelconque rejouabilité, pourquoi se retaper une histoire clichée et des combats aussi minimalistes ? Quant à dévoiler des courbes féminines pour achalander...
Les + :
- Pour une fois, on n'incarne pas le personnage principal
- Système de jeu facile à maîtriser
- Quelques dialogues réellement amusants
Les - :
- Une histoire qui aurait été originale en 1920, pétrie de clichés et de trope repris sans personnalité, sans parler des incohérences
- Des combats finissant par être trop présents vu leur manque de challenge tactique
- Le culot de proposer un DLC aussi cher avec aussi peu de contenu
- Les choix de dialogues ne semblant pas voir une influence énorme
- Du fanservice facile, et médiocre
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