Splinter Cell : Conviction
- aronaar
- 5 mars 2016
- 3 min de lecture

Parfois, les développeurs d’une série - ou lorsqu’une partie ou totalité du studio change - ont la directive ou ressentent le besoin de changer l’orientation d’une série, comme ça a été le cas pour Resident Evil.
Le changement, pour Splinter Cell, a été encore plus radical. Vous vous souvenez de la première trilogie établissant un fort penchant pour l’infiltration et sanctionnant sévèrement le joueur s’il devait se retrouver dans un gunfight ? Jetez tout cela par les fenêtres !
En même temps que Lambert, qu’on voit exécuté par Sam dans un flash-back. La direction d’Echelon III change de mains et Fisher se retrouve plus ou moins désavoué, jusqu’à ce qu’il soit rappelé par le besoin : on a kidnappé sa fille !
S’ensuit donc une campagne de vengeance musclée, dans laquelle il y a aussi du complot à grande échelle et gadgets assortis (comme c’est toujours le cas dans cette série « techno-thriller », sauf que là on peut retirer la partie thriller du lot) et un Sam très colère.
Sans aller jusqu’à qualifier l’intrigue d’insipide, on ne retrouve pas l’ambiance d’avant et il est plus difficile d’y accrocher.
Cela dit, qu’est-ce qui est donc tellement radical là-dedans ? Hé bien, l’absence de directives, pardi ! Tous les coups sont permis pour que Sam atteigne ses objectifs, ce que signifie donc du massacre à la chaîne, il n’y plus d’options non létales de toute manière.
S’il demeure utile de se servir de l’obscurité (les adversaires semblent particulièrement myopes), c’est avant tout pour éviter d’être plombé par le nombre improbable d’ennemis auquel vous allez être perpétuellement confronté dans cet opus.

Sam a beau garder une tenue furtive, ce n'est que de l'esbrouffe.
Si d’une part Conviction peut présenter un bon défouloir - surtout qu’en vieillissant, Sam semble devenir un athlète encore plus accompli - il se montre plutôt répétitif dans sa réalisation, peu importe les chemins alternatifs pour essayer de varier un peu la progression, il y aura toujours du gros gunfight à l’arrivée.
Points malus pour la séquence flashback faisant incarner un ancien camarade de guerre de Sam (lequel assure une partie de la narration) qui est un long « couloir » ressemblant méchamment à du sous Call of Duty, sans aucun intérêt, que ce soit pour l’histoire ou le gameplay.
Rajoutez à cela des situations particulièrement absurdes avec une IA aux fraises, comme le début d’un niveau où vous pouvez rester en contrebas d’une pièce avec une ouverture entourée de garde-fou en son centre, attirer les ennemis en tirant en l’air, et les éliminer un par un en évitant leurs lancers malhabiles de grenades.
Vous pouvez en tuer une quinzaine comme ça, sans qu’il y ait d’action groupée de leur part !
Je passerai sur d’autres séquences plutôt agaçantes, mais au final la campagne n’a rien d’exceptionnel, et le jeu aurait pu s’appeler de n’importe quelle autre manière, ça n’aurait rien changé.
S’il y a du multijoueur, et avec parfois du challenge (éliminer des ennemis sans se faire repérer sur plusieurs cartes consécutives), cela ne rallonge que péniblement une durée de vie faiblarde pour la campagne solo (six-sept heures) qui a une faible rejouabilité.
Le tout est certes très jouable mais n’a pas réellement fière allure. Changer les fondamentaux d’une série est une manoeuvre audacieuse, encore faut-il proposer à la place des mécaniques convaincantes.
Dépossédé de son caractère exigeant et de son aspect infiltration, Conviction devient donc un produit parmi tant d’autres qui devrait avoir de la peine à convaincre les fans de la première heure, et pas forcément assez d’attraits pour persuader les autres.
Et un dernier détail : les gardes sont horripilants à lancer les mêmes répliques en boucle, à gueuler à tout bout de champs, et à vous insulter en plein combat.
Les + :
- Un multi avec de bonnes idées
- Un Sam sans complexes, libérant sa frustration accumulée dans les anciens épisodes pour laisser place au carnage
- L’instant kill, toujours plaisant
Les - :
- Le nombre des gardes
- Leur incompétence
- Leur idiotie
- Leur tendance à beugler sans cesse
- Les gadgets et améliorations des armes qui n’ont pas un impact assez important
- La mise en scène bancale
- Le niveau au Moyen-Orient
- Le changement d’orientation pas assez solide
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