Obscure, un jeu au titre ô combien adéquat

Ah, les jeux d'horreur. Je dois bien le reconnaître, c'est un de mes péchés mignons. Certes, c'est fourbe de ma part, car je m'y engage en sachant que peu d'entre eux savent déployer quelque chose susceptible de me faire réellement peur.

Mais même avec une bonne volonté de le part du joueur de collaborer au pacte narratif implicite (donc, de suspendre son incrédulité et d'accepter certaines choses pour que l'immersion prenne effet), beaucoup de titres horrifiques échouent dans un ou plusieurs aspects importants pour que l'on éprouve de la frayeur.

Vous l'aurez probablement déjà compris, Obscure ne fait à mon sens pas partie des heureux élus sachant installer une bonne ambiance horrifique.

Déjà parce qu'on ne sait pas forcément sur quel pied danser en commençant le titre. Obscure se passe dans une école et a l'air assez minimaliste. Va-t-on avoir droit à une sorte de slasher avec des adolescents dopés aux hormones ? Quelque chose de plus parodique ? Un bon vieux mystère cliché de quelque monstre caché dans la partie souterraine de l'établissement et se mettant à tuer les élèves ?

Hé bien, c'est un peu de tout ça... Avec le jeu tentant tout de même de se prendre au sérieux.

Obscure : plus fort que Doom 3.

Obscure s'ouvre donc sur la fin d'un match de basketball, scène servant principalement à accoler des noms à nos cinq protagonistes. Bien vite, tout le monde s'en va, et Kenny (que vous pouvez voir sur l'image ci-dessus) reste seul quelques moments, histoire de marquer d'autres paniers.

Toutefois, lorsqu'il revient dans les vestiaires, horreur, malheur, un vil individu lui a volé son sac ! Sans véritable raison et comme toutes les autres issues sont verrouillées, plutôt que d'appeler le concierge/gardien, Kenny décide donc brillamment de s'aventurer dans une partie de l'école apparemment jamais fréquentée, à savoir un grand jardin. Grand jardin dans lequel se trouve un bâtiment décrépi dont la plus grande partie est souterraine. Prenant sans broncher un pistolet qui traînait là et l'améliorant en lui scotchant une lampe-torche dessus sans se poser de questions, il s'engage donc dans les profondeurs, finissant par trouver un autre étudiant ayant été kidnappé. Manque de bol, lorsqu'ils veulent fuir, des créatures massives, sortes de gros zombies végétaux, barrent le passage, et la sortie se verrouille !

C'est pourquoi les quatre amis de Kenny ont une brillante idée : plutôt que d'avertir les autorités quant à sa disparition, ils vont se laisser enfermer dans l'école pour enquêter par eux-mêmes ! Enfin, à leur décharge, depuis plus de 80 ans que Leafmore High existe, il y a eu des dizaines de disparitions n'ayant jamais été résolues, et l'établissement n'a jamais été fermé. Non, on a juste condamné un dortoir près duquel les jeunes disparaissaient, le bâtiment suspect dans le jardin n'a jamais été inspecté, et les parents continuent joyeusement d'envoyer leurs enfants à LeafMore High...

Difficile déjà de croire à cela, mais lorsque vous rajoutez le fait qu'Herbert Friedman est le principal de l'établissement depuis le début et qu'il ne prend pas une ride sans que personne ne semble remarquer quoi que ce soit, c'est plus que bancal.

Le mystère demeure cependant le fil rouge motivateur de l'aventure, quand bien même on comprend rapidement que Friedman est responsable des enlèvements, et que les élèves servaient de sujets de test. Si vous ne connaissez pas le jeu et que le reste de cet aperçu ne vous dissuade pas de l'essayer, je ne vais pas rentrer dans les détails, je dirai simplement que quitte à requérir régulièrement des cobayes non consentants pour des recherches censément abominables, personnellement, je n'aurai pas vraiment choisi de créer un endroit où CHAQUE disparition serait inévitablement découverte...

Un clinique privée, un hôpital auraient bien mieux convenus.

Bref, passés les soupçons de ce qui se trame vraiment à Leafmore High, rien de transcendant, même si le concept d'une plante craignant la lumière et ayant besoin d'obscurité pour prospérer est acceptable.

Qu'en est-il du gameplay ? Comme dans beaucoup de survival-horror, il s'agira de récolter les objets nécessaires pour passer d'une section à une autre, parfois en devant résoudre une "énigme". J'utilise les guillemets car il n'y a rien de trop nébuleux ici, même si parfois de l'incongruité : utiliser de l'acide pour briser des chaînes barrant une porte, pourquoi pas... Mais pourquoi devoir utiliser des gobelets en papier pour cela, idée aussi stupide que dangereuse, plutôt que des bouteilles en verre ? Bah.

La particularité d'Obscure est son gameplay en duo. Chacun des cinq adolescents possède son petit talent le rendant plus ou moins utile selon la situation. Plaisant en apparence, dans les faits, on oubliera :

- Kenny, qui court plus vite que les autres, ce qui n'est pas exactement utile pour la survie coopérative ;

- Ashley, qui peut tirer deux balles à la suite où avoir un coup de mêlée plus puissant, mais les armes à feu sont plus importantes, et deux balles à la suite n'est pas un avantage si significatif ;

- Shannon, qui renforce l'efficacité des soins.

On voudra plutôt garder en permanence Josh, dont la capacité magique lui permet de savoir s'il reste des objets à prendre ou des interactions à effectuer dans une pièce, et Stan, qui crochète rapidement. Le besoin de switcher n'est donc pas si pressant, surtout que cela oblige à des allers et venues vers un point de rassemblement. Au moins l'IA se montre-t-elle assez compétente durant les combats !

Quelques boss mollassons parsèment l'aventure.

Si le jeu n'a donc rien d'exceptionnel (rajoutez des scènes incohérentes, comme un professeur tuant une créature sans s'appesantir le moins du monde sur la situation et les plantant là... Ou le fait que que notre bande d'adolescents ne cherche jamais à contacter des secours, alors qu'il est clair qu'ils peuvent s'échapper de Leafmore High) mais il a au moins le bon goût d'être court : on peut facilement le plier en moins de cinq heures, ce qui, avec le rythme choisi, empêche le jeu de traîner en longueur.

Points + :

- Une tentative d'innover le gameplay et la possibilité de jouer en co-op avec un ami

- Nombreux disques de sauvegardes

- Pas prise de tête

- Durée de vie adaptée

Points - :

- Bestiaire vite vu

- Pas tellement besoin de varier le duo

- Essai de second degré, mais se prend les pieds dans une faible intrigue incohérente

- Peu d'interaction entre les protagonistes