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Dolly Kill Kill- l'apocalypse sauce kawaï ?

  • aronaar
  • 9 oct. 2016
  • 5 min de lecture

L’apocalypse est un thème qui reste populaire de nos jours, humains parfois assoiffés de destruction et désastres fictifs que nous sommes !

Dolly Kill Kill ne perd pas de temps pour nous plonger dans des scènes d’épouvante, avec l’arrivée de nuées d’insectes d’une taille un peu trop élevée, dont la piqûre fait fondre la partie visée, ce qui n’est pas très fashion.

Comme vous l’imaginez, les victimes ne s’en remettent pas, et notre protagoniste de départ (Iruma) n’en réchappe avec deux amis qu’en se jetant dans une piscine juste à côté…

Le répit est de courte durée cependant, puisque que surviennent ensuite des poupées géantes, au visage et au corps plus ou moins grotesques, tuant les humains ou les aspirant à l’aide d’appareils à l’aspect organique.

C’est le sort d’un des amis se sacrifiant pour permettre aux deux autres de s’échapper, jusqu’à ce que Kumano, très chère au cœur d’Iruma, se fasse également attraper par les envahisseurs bizarroïdes.

Puis, pop ! On avance six mois dans le futur, où Iruma est devenu un survivant rongé par la culpabilité et avec des pulsions suicidaires. Oh, et 99% de la population humaine aurait disparu suite à cet assaut dévastateur.

Rien que des bouquets de joie et de bonheur en perspective, n’est-ce pas ?

Même s’il y a des doses de désespoir, des morts atroces, du gore et de la violence à six sous la douzaine, le thème apocalyptique n’est finalement qu’une trame de fond assez légère pour ce manga par rapport au reste.

Il y a évidemment des citoyens tentant de survivre au quotidien, des communautés s’organisant pour fonder à nouveau un vernis de civilisation et d’organisation, mais ces aspects-là sont surtout mentionnés, peu montrés, et ne sont pas l’objet de Dolly Kill Kill.

Celui-ci concerne l’anéantissement total des poupées, des aliens fort mystérieux en vérité.

Pourquoi les insectes n’ont-ils attaqué que le premier jour ?

Quelle fonction pour une telle apparence des poupées, qui ne s’en prennent désormais aux humains que si ceux-ci commencent les hostilités ?

A quoi servent les humains capturés ? Etc.

Je n’irai certes pas jusqu’à le qualifier d’œuvre à suspens comme c’est le cas sur certains sites, mais au moins ces questions demandent une réponse et poussent à continuer la lecture, en théorie.

Car en son cœur Dolly Kill Kill demeure un shônen.

Le salut de l’humanité ne viendra donc pas majoritairement du rassemblement d’humains déterminés à faire tous les sacrifices, infiltrant les installations ennemies et développant des technologie anti-aliens, mais bien d’êtres humains dont le pouvoir (semblable au qi) s’est éveillé suite à l’apocalypse.

Iruma est évidemment l’un d’entre eux, ayant la capacité de briser les barrières protectrices des poupées et de régénérer son corps. Ce qui peut être rafraîchissant, c’est que son pouvoir est lié à une puissance sombre en lui, et que sa motivation est un pur désir de revanche contre les aliens, un désir destructeur et violent sans rien d’héroïque.

Pour un peu, il serait aussi sanguinaire que l’ennemi qu’il veut détruire, ce qui demeure plus intéressant qu’un héros droit dans ses bottes combattant pour le bien de l’humanité toute entière.

Sauf que bien entendu, des tas d’autres humains possèdent également un pouvoir leur étant propre, bien pratique pour que les auteurs puissent disposer d’outils faits sur mesure pour les situations présentées et assurer à la fois la variété des combats et leur côté spectacle.

Niveau commodité, je pense particulièrement à la jeune femme recrutant Iruma dans le groupe Trial and Error (essayant d’analyser les poupées pour mieux les éradiquer) ayant le pouvoir de plonger dans « l’âme » des gens.

Ensuite, c’est votre défilé d’éléments classiques du shônen : des combats où l’on passe parfois autant, sinon plus de temps à palabrer qu’à se castagner, des joutes verbales sur les techniques utilisées et qui est le plus fort, la recherche du dépassement de soi, l’union faisant la force ; le besoin de s’entraîner…

Ce qui n’est pas tant un problème en soi même pour quelqu’un d’exigeant en matière de shônen comme moi, si ce n’était pour un potentiel problème.

Je suis pour les moments plus légers, humoristiques, dans des œuvres plutôt sombres, autant pour « rafraîchir l’atmosphère » qu’éventuellement accentuer le caractère horrifique de ce qui peut se passer ensuite.

Sauf que finalement le côté horreur se fait de moins en moins sentir, au profit de scènes assez burlesques, comme l’arrivée d’un grizzli comprenant le langage humain, sachant écrire, utilisant sa langue pour canaliser le qi et soigner les blessures, et voulant être caressé pour ses bons services…

Ou un ancien membre du gouvernement convoquant le chef de Trial and Error, faisant de la luge avec son corps sur la table pour parler audit chef, donnant un bonbon à Iruma pour avoir bien répondu, faisant « Miaou ! Ne nous fâchons pas ! » pour temporiser un conflit, etc.

Des moments assez exagérés que l’on pourrait retrouver dans bien d’autres shônen, mais qui cadrent mal avec le contexte choisi.

On se retrouve dans une configuration où c’est la narration qui vient justifier le florilège de combats, plutôt que les combats venant épicer la narration. Et on se met à ne plus trop réfléchir sur les raisons de cette invasion et les motivations des poupées utilisant des agents humains dans leurs rangs.

Cela fait-il de Dolly Kill Kill une œuvre médiocre ? Certes pas.

On peut lui passer des facilités (comme l’électricité fonctionnant toujours grâce à un système de panneaux solaires dans l’espace), des aspects vraiment « trop » shônen (à l’instar des techniques de qui devant forcément être nommées : difficile d’être crédible avec « Bird’s Bullet Barrage ») ou encore des bizarreries pleines et entières (une utilisatrice de qi à la tête ressemblant à celle d’une poupée alien, mais en fait non, elle est tout à fait normale, circulez).

La patte graphique est tout à fait plaisante et ravira les amateurs d’hémoglobine, quant au rythme, il est plutôt fluide.

Rapidement les chapitres durent en moyenne de 10 à 15 pages, pas une vraie unité narrative en soi mais contribuant à une dynamique captant l’attention du lecteur, alors même que l’histoire ne

progresse pas forcément en rapport.

A l’heure où j’écris ceci, le manga en est au chapitre 110 et j’ai le sentiment qu’on pourrait tout aussi bien n’en être qu’au quart de l’aventure.

L’élément principal à garder à l’esprit est que si Dolly Kill Kill vous tente, ne le soyez pas par l’apocalypse ou une ambiance horrifique consistante, vous seriez probablement déçu.

Il intrigue par ces aliens bizarres et les secrets associés, il divertit par ses combats et un ton souvent plus léger que ce qu’on pourrait penser.

En tant que shônen cependant, un genre qui est au manga ce que le FPS est aux jeux vidéos, il n’est pas spécialement remarquable.

Pour une œuvre avoisinante et plus assumée (et plus "impliquante" pour le lecteur), je vous conseillerai Deadman Wonderland !


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2020 par Aronaar. Le site, pas les années en elles-mêmes, notez bien.

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